À l’établissement du cégep de Jonquière, qui prenait la relève du collège classique de Jonquière, les enseignants/enseignantes décidèrent de se doter d’un nouvel instrument pour défendre leurs droits individuels et collectifs. C’est ainsi que, le 3 avril 1967, les enseignants/enseignantes du cégep de Jonquière choisirent de mettre sur pied le Syndicat des professeurs de la région de Jonquière (SPRJ) et entreprirent les démarches pour que cette association de personnes salariées soit reconnue comme syndicat professionnel.
À la suite du dépôt de d'une demande officielle, l’accréditation fut accordée le 29 novembre 1967, et le SPRJ rejoignit officiellement les rangs de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), d’abord à titre de syndicat autonome, puis comme membre du secteur cégep et, finalement, comme membre fondateur de la Fédération nationale des enseignants québécois (FNEQ), dont la création remonte au 21 septembre 1969.
Tout au long des années 70, le SPRJ vécut au rythme endiablé de la vie syndicale québécoise. Ainsi, les grèves s’enchaînèrent les unes après les autres jusqu’au moment où le syndicat réussit à faire inscrire dans sa convention collective des règles minimales de sécurité d’emploi.
Première modification de l’accréditation : à la suite du dépôt d’une requête en ce sens par le collège, le certificat d’accréditation du syndicat fut modifié par un commissaire-enquêteur le 17 février 1977, et les enseignants/enseignantes « qui dispensent des cours de langues à des groupes particuliers d’étudiants ne conduisant par à une reconnaissance officielle du ministère de l’Éducation du Québec » cessèrent d’être représentés par le SPRJ.
Le début des années 80 fut une période très difficile pour le milieu de l’enseignement : compressions salariales, reculs sur la sécurité d’emploi, conditions de travail décrétées plutôt que librement négociées et dénigrement des enseignants/enseignantes par le gouvernement. En un mot, l’heure est à la déprime, avec comme conséquences une baisse remarquée de la mobilisation des membres dans la vie syndicale locale et un début de questionnement sur l’appartenance à la CSN.
En 1982, la FNEQ devint la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ). Après la négociation de 1985, l’insatisfaction étant à son comble, un groupe de 13 syndicats de la FNEEQ, dont le SPRJ, décida de former un comité de réflexion pour analyser la situation et envisager des moyens d’améliorer la vie syndicale. Cette réflexion aboutit à une décision majoritaire (73,5 %) des membres du SPRJ : se désaffilier de la FNEEQ et de la CSN, fonder une fédération indépendante des grandes centrales et signer une entente de service avec la Corporation des enseignants du Québec (CEQ) pour la négociation qui approchait. Douze autres syndicats firent le même choix, d’où la fondation d’une nouvelle fédération de syndicats d’enseignants et d’enseignantes de cégep en juin 1988 : la Fédération autonome du collégial (FAC). Au cours des négociations qui ont mené à la signature de la convention collective 1989-1991, les syndicats de la FAC ont tenté de former un cartel avec la Fédération des enseignants de cégep (FEC), un regroupement de 6 syndicats affiliés à la CEQ, mais l’expérience ne put être menée à terme étant donné les intérêts divergents des deux fédérations. Après la signature de leur première convention collective, les syndicats de la FAC décidèrent de mettre fin à l’entente de service qui les liait à la CEQ, et l’assemblée fédérative annuelle de juin 1990 consacra la naissance véritable de la FAC.
Au début des années 90, le syndicat remit en question la justesse et la pertinence de son nom. Ainsi, le 24 avril 1991, le SPRJ devint le Syndicat des professeur-e-s de la région de Jonquière affilié à la Fédération autonome du collégial (SPRJ-FAC), un nom qui n’eut qu’une très brève existence, car, suite à une refonte majeure des Statuts et règlements du syndicat en mai 1991, le SPRJ-FAC prit la décision de modifier à nouveau son nom et devint le Syndicat du personnel enseignant du cégep de Jonquière (SPECJ) le 27 juin 1991.
Deuxième modification de l’accréditation : à la suite du dépôt d’une requête en ce sens par le Syndicat du personnel enseignant du centre d’études collégiales en Charlevoix (SPECECC), le certificat d’accréditation du syndicat fut modifié par un commissaire du travail le 11 décembre 1997, et le personnel salarié « enseignant pour le centre d’études collégiales en Charlevoix » cessa d’être représenté par le SPECJ.
Troisième et dernière modification de l’accréditation : à la suite du dépôt d’une requête en ce sens par le collège, le certificat d’accréditation du syndicat fut modifié par un commissaire du travail le 22 février 1999, et les enseignants/enseignantes « qui donnent de la formation sur mesure à des étudiants ne conduisant pas à une reconnaissance officielle du ministère de l’Éducation du Québec » cessèrent d’être représentés par le SPECJ.
En 2005, la FAC étant la seule organisation du milieu collégial à se voir imposer un décret, une bonne partie des membres du syndicat se mirent à remettre en question sa pertinence. Au printemps 2009, plusieurs délégués réclamèrent sa dissolution, et ceux du SPECJ n’y firent pas exception. Ainsi, le 25 septembre de la même année, la FAC disparut du paysage syndical québécois.
Au bout de deux décennies, les membres du syndicat choisirent de revenir à la FNEEQ suite à un référendum tenu les 18 et 19 septembre 2009.
Après de nombreuses années passées sous une forme juridique plutôt floue, celle de syndicat de bonne foi, le 12 juin 2017, le SPECJ prit la décision d’actualiser sa forme juridique et devint une personne morale sans but lucratif légalement constituée selon la Loi sur les syndicats professionnels.
Au printemps 2021, après près de 55 ans de vie syndicale et après près de 30 ans depuis le dernier exercice du genre, le syndicat procéda à une nouvelle refonte de ses Statuts et règlements et de l’ensemble de ses textes réglementaires. Afin de compléter cette actualisation du syndicat, une nouvelle identité visuelle fut dévoilée au printemps 2022.
Au cours de ces cinquante-cinq années d’existence, moult luttes furent menées par des membres ayant à cœur la mission humaniste des cégeps. Au-delà des revers et des victoires, c’est avec la même détermination que nous ferons face aux nombreux défis auxquels le monde contemporain nous expose.