
Compressions budgétaires, atteintes à la liberté académique et conflit d’intérêts : la ministre Déry doit partir
Jonquière, le 4 juin 2025 – Dans la foulée de leur mobilisation du 30 mai dernier, les membres du Syndicat du personnel enseignant du cégep de Jonquière réuni·es en assemblée générale ont exigé à l’unanimité la démission immédiate de la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry. Cette prise de position survient non seulement dans le contexte des importantes mesures d’austérité imposées au réseau collégial, soit le gel d’embauche, la restriction du niveau d’investissement autorisé dans les collèges, le plafonnement des heures rémunérées aux employé·es syndiqué·es et l’imposition de compressions budgétaires totalisant 151 M$, mais également dans le contexte de l’utilisation éhontée par la ministre Déry de son pouvoir d’influence auprès de collèges anglophones pour exiger des changements au contenu de certains cours.
Réseau collégial : une mission fondamentale que la CAQ met en péril
« La CAQ s’attaque ni plus ni moins au réseau collégial, un réseau qui fait partie intégrante de l’identité québécoise et qui fonctionne très bien à l’heure actuelle, mais qui finira par devoir faire des choix qui vont restreindre à terme sa capacité à remplir sa mission de démocratiser l’enseignement supérieur et de développer la pensée critique des citoyen·nes de demain. Ces mesures d’austérité sont par ailleurs complètement illogiques dans le contexte où les besoins des étudiant·es sont de plus en plus nombreux et de plus en plus complexes et où le nombre d’étudiant·es dans le réseau est en forte croissance. Comme la plupart des étudiant·es qui passent par le réseau collégial intègrent directement le milieu du travail, ce sont les entreprises et les services publics du Québec qui seront privés de l’apport de chaque étudiant·e laissé pour compte en raison de l’austérité caquiste », souligne Sylvain Jomphe, président du Syndicat du personnel enseignant du cégep de Jonquière.
Une ingérence inacceptable dans la liberté académique sur fond de conflits d’intérêts
« Pascale Déry, en tant que ministre de l’Enseignement supérieur, devrait minimalement savoir que la liberté académique est enchâssée dans la convention collective des enseignant·es, mais force est de constater que ce n’est pas le cas ou qu’elle ne s’en préoccupe tout simplement pas puisqu’elle s’est permis d’intervenir à Dawson College et à Vanier College pour lancer des enquêtes et exiger que des plans de cours soient modifiés. C’est du jamais vu, une ministre qui se donne le droit d’imposer aux départements quels sujets seront abordés dans le cadre de leurs cours et quels sujets sont interdits, malgré l’opinion de la majorité des enseignant·es. On ne peut tout simplement pas tolérer ce genre d’ingérence dans une société démocratique et libre », s’indigne monsieur Jomphe.
Pascale Déry a été membre du conseil d’administration de la branche québécoise du Centre consultatif des relations juives et israéliennes, une organisation de lobbying juive, pendant six ans avant d’être nommée ministre de l’Enseignement supérieur, et ses interventions à Dawson College et à Vanier College visaient spécifiquement le conflit israélo-palestinien.
« C’est encore plus troublant de savoir que la ministre Déry viole le principe de la liberté académique en raison de ses propres convictions religieuses ou politiques. Où est passé le principe de laïcité de l’état ? À titre de ministre de l’Enseignement supérieur, elle devrait pourtant jouer un rôle fondamental dans la protection de la liberté académique et la défense du réseau collégial, autant dans la sphère publique que politique, mais c’est manifestement loin de ce qui se passe sur le terrain. On a affaire à une ministre invisible qui ne répond pas aux attentes. Aucun acteur crédible du réseau collégial ne lui accorde sa confiance, et c’est pourquoi il est plus que temps qu’elle quitte ses fonctions », termine monsieur Jomphe.